Il est devenu banal d’affirmer que les émotions ne sont pas de mises dans la vie de l’entreprise. Pourtant, force est de constater que les salles de réunion, les machines à café et autres couloirs sont témoins de débordements émotionnels plus ou moins assumés, et pourtant exprimés. Qu’il s’agisse de colère ou de joie, les émotions sont là et bien là, pas toujours au bon moment, et surtout, pas toujours de la manière dont on aurait aimé l’exprimer. La connaissance, l’acceptation et l’expression des émotions peuvent faire l’objet d’un travail ludique et très utile.
Le travail théâtral au service de la reconnaissance de ses émotions
Lors de pratique théâtrale, de nombreux exercices permettent d’apprendre à reconnaître, à accepter et donc à maîtriser (mais non pas étouffer) ses émotions. Positionné dans un environnement bienveillant, dans lequel le groupe présent est uni par un travail collectif visant aux mêmes objectifs, il est possible en toute liberté d’aller chercher l’expression de sa colère, de sa tristesse ou de sa joie immense dans des improvisations fictives, seul ou en groupe. Cette expression s’appuiera alors sur des histoires imaginées, qui génèreront le ressenti de l’émotion recherchée. Il s’agit là d’une excellente manière d’identifier, d’apprivoiser et d’autoriser l’expression de ce ressenti dont nous nous méfions tant.
Mais l’identification de ces émotions passe aussi par la mémoire du corps. Notre corps comme notre cerveau gardent la mémoire des sensations émotionnelles. Des larmes aux yeux, un cœur qui « se serrent », ou qui se met à battre plus vite, sont autant de signes physiques d’un moment émotionnel vécu aussi intellectuellement. Sans parole, ou si peu, et en allant chercher grâce à des gestes, des postures, des mouvements, des échanges non-verbaux le ressenti physique des émotions, le travail théâtral permet là encore d’apprivoiser, de reconnaître et d’apprécier l’expression de ces sensations qui font notre essence.
Un travail de ce type permet de ne plus se méfier de soi-même, de reconnaître, d’accepter de ressentir les sensations liées à telle ou telle émotions.
Cela ne signifie pas que dans le couloir de votre entreprise, votre colère sera plus explosive. Au contraire, vous l’aurez identifiée plus tôt, reconnue et acceptée, et elle aura alors moins de chance d’exploser. Et si par hasard votre colère n’était qu’un substitut autorisé d’une autre émotion interdite, la tristesse par exemple, il y a davantage de chance que la véritable émotion ressurgisse, vous permettant de mieux identifier le problème que vous avez à résoudre.
Se donner l’occasion de mieux se connaître, voire de s’apprivoiser, émotionnellement en s’exerçant grâce au jeu et à l’improvisation verbale et non-verbale est une démarche positive sur le chemin de la connaissance de soi, et de l’écoute de son ressenti au bon moment. Il en résultera une posture adéquate qui sera à son tour ressenti par l’entourage.